Joe Hill, fusillĂ© Ă Salt Lake City pour un crime dont il Ă©tait innocent, est entrĂ© Ă 36 ans dans la galerie des hĂ©ros et martyrs de la classe ouvriĂšre mondiale. Il reste un exemple dâartiste rĂ©volutionnaire et de combattant des deux mondes. Fausto Giudice, qui fut figurant dans le film dĂ©diĂ© par Bo Widerberg Ă Joe Hill en 1970, nous raconte sa vie palpitante, de la SuĂšde aux USA, et sa fin tragique.
Joan Baez, “Joe Hill” (Woodstock, 1969)
Version en bengalI de la chanson, par Amitesh Sarkar
- The Glocal Workshop
- Collection erga omnes n°1
- 28 pages
- Format : A5
- Date de publication : 2/5/2022
- ISBN Imprimé 978-9938-862-31-7
- ISBN Ebook 978-9938-862-37-9
GW –
5 questions à Fausto Giudice, auteur de « Joe Hill, in memoriam »
Par Milena Rampoldi, 12/7/2022
Comment as-tu découvert Joe Hill ?
JâĂ©tais un jeune immigrĂ© dans la SuĂšde de la fin des annĂ©es 60. CâĂ©tait les « annĂ©es dorĂ©es » de la social-dĂ©mocratie rĂ©gnante, qui dĂ©clarait toute dissidence comme « dĂ©viance », Ă traiter par la psychiatrie. Je mâidentifiais aux « damnĂ©s de la terre » et je trouvais la morale rĂ©gnante luthĂ©rienne dâune hypocrisie incomparable. Ceux qui disaient vouloir le bien du peuple avaient rĂ©Ă©crit lâhistoire, effaçant « lâautre mouvement ouvrier », qui avait combattu le capital par des moyens tout sauf pacifiques. Joe Hill Ă©tait une figure lĂ©gendaire de cet « autre mouvement ouvrier ». En 1970, je me suis retrouvĂ© avec quelques centaines de marginaux comme figurant dans le film tournĂ© par Bo Widerberg sur Joe Hill, dans les quartiers sud de Stockholm. De lui je ne connaissais jusquâalors que la chanson chantĂ©e par Joan Baez Ă Woodstock. Joe Hill me disait que la classe ouvriĂšre suĂ©doise nâavait pas toujours Ă©tĂ© ce pachyderme pacifique de la reprĂ©sentation social-dĂ©mocrate. Et jâai dĂ©couvert Anton Nilsson, « lâhomme de lâAmalthea ». Ce travailleur de 21 ans avait, avec 2 camarades, posĂ© une bombe prĂšs dâun bateau appelĂ© Amalthea, amarrĂ© Ă Malmö, qui hĂ©bergeait des briseurs de grĂšve britanniques importĂ©s par les patrons contre une grĂšve de dockers, en 1908. CondamnĂ© Ă mort, Anton Nilsson a vu sa peine commuĂ©e en prison Ă vie suite Ă une campagne internationale, menĂ©e en particulier par les International Workers of the World, le syndicat oĂč Joe Hill militait aux USA.
Que nous dit Joe Hill aujourd’hui ?
Il nous dit essentiellement deux choses : 1- on peut organiser les plus exploitĂ©s, les plus opprimĂ©s dâune maniĂšre intelligente et efficace en adaptant les formes dâorganisation Ă la rĂ©alitĂ© sociale de ceux « dâen bas », les migrants, les femmes, les prĂ©caires, les non-qualifiĂ©s, ce que les IWW ont fait, en Ă©vitant toute forme de bureaucratie de type social-dĂ©mocrate. Lâ « autre mouvement ouvrier », câest ça, Ă lâopposĂ© des appareils du genre DGB, AFL-CIO ou LO : un mouvement collant Ă la rĂ©alitĂ© de la classe, qui est mobile, fluide, changeante. 2- on peut inventer des formes de communication populaires, crĂ©atives, percutantes et pleines dâhumour. Les chansons de Joe Hill en sont un magnifique exemple.
Y a-t-il des Joe Hill aujourdâhui ?
Pas Ă ma connaissance. Certain·es rappeur·es pourraient lâĂȘtre, sâils choisissaient de chanter avec et pour les travailleur·ses qui sâorganisent chez Amazon, McDonalds, Starbucks, Deliveroo, Uber et toutes les entreprises du « nouveau capitalisme », qui nâa de nouveau que ses formes.
Quâauraient fait Joe Hill et lâIWW aujourdâhui ?
Ils auraient organisĂ© les « autres » travailleur·ses en marchant sur deux jambes : le contact physique et virtuel. Câest ce qui se passe en Chine par exemple, oĂč les jeunes travailleur·ses des usines-monde, nâayant pas de syndicat pour les dĂ©fendre, utilisent les mĂ©dias sociaux pour revendiquer et sâorganiser.
Pourquoi la collection âErga Omnesâ?
âErga Omnesâ, âPour tousâ, Ă©tait la devise des esclaves rĂ©voltĂ©s sous la direction de Spartacus qui mirent en danger la RĂ©publique romaine entre 73 et 71 av. J-C. Cette collection entend publier des livres sur des grandes figures, parfois oubliĂ©es, des rĂ©volte logiques Ă travers les siĂšcles.