La Vierge Rouge, la Pétroleuse, l’institutrice, l’infirmière, la combattante Louise Michel est condamnée à la déportation après l’écrasement de la Commune de Paris. Elle arrive en Nouvelle-Calédonie en décembre 1873 et y restera jusqu’en juillet 1880, après quoi, bénéficiant d’une amnistie, elle rentrera en France. Elle établit très rapidement un rapport fraternel avec les Kanak, échangeant, conversant avec eux, apprenant leurs langues, écoutant leurs récits, enseignant à leurs enfants. Quand des insurgés viennent une nuit l’avertir de leur soulèvement imminent, elle leur montre comment sectionner les fils du télégraphe pour saboter les communications des occupants et leur donne son écharpe rouge, relique de la Commune (elle adoptera dans la dernière partie de sa vie tumultueuse le drapeau noir). Cette relique, pieusement conservée, donnera l’idée aux militants indépendantistes kanak des années 1960 d’appeler leur mouvement Les Foulards Rouges.
Louise Michel a écrit deux textes issus de sa rencontre du deuxième type. Ce sont ces documents historiques précieux que nous republions pour les rendre accessibles à toute personne ne fréquentant pas les temples du savoir et leurs rayonnages. L’ouvrage est complété par des analyses sur les déportés de 1848, 1855 et 1871, et couronné par l’incroyable discours de Victor Hugo sur l’Afrique.
L’Atelier Glocal, Collection “erga omnes” n°3, mars 2024, 313 p.
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Glocal Workshop –
La guerre d’Ataï, résister à l’ordre colonial en Nouvelle-Calédonie : épisode • 3/4 du podcast Kanaky, Nouvelle-Calédonie, histoires en archipel (radiofrance.fr)
À écouter ici : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-cours-de-l-histoire/la-guerre-d-atai-resister-a-l-ordre-colonial-en-nouvelle-caledonie-9957654
Qui est Ataï, chef kanak de l’insurrection de 1878 contre les autorités coloniales françaises ? Quel est le destin singulier de sa dépouille mortelle, et notamment de sa tête ? Quelle mémoire littéraire, iconographique et politique pour ce personnage clé de l’indépendantisme néo-calédonien ?
Avec
• Eddy Banaré Enseignant-chercheur en littérature comparée à l’Université de la Nouvelle-Calédonie, spécialisé en littératures coloniales et post-coloniales
• Christelle Patin Historienne des sciences, chercheuse en anthropologie historique et culturelle associée au centre Alexandre Koyré
En 1878 en Nouvelle-Calédonie, la population autochtone “canaque”, selon la graphie de l’époque, se soulève contre le pouvoir français. Elle proteste ainsi contre les spoliations de terres faites au bénéfice des colons. Le chef Ataï se présente devant le gouverneur colonial et, en un geste de défi resté célèbre, vide un sac de terre devant lui, en disant “Voilà ce que nous avions”, avant de vider un deuxième sac, rempli cette fois de gravier, en disant “Voilà ce que tu nous as laissé”. D’après le chef Berger Kawa, descendant du clan d’Ataï, par ce geste, le chef voulait signifier que les colons s’étaient appropriés les meilleures terres, dans les plaines, et qu’ils avaient repoussé les Kanaks dans les espaces montagneux caillouteux et infertiles de l’île.
Les Français, surpris par l’insurrection de 1878, ne tardent pas à l’écraser dans le sang. La révolte et les Kanaks eux-mêmes sont présentés par les colons comme féroces et violents, ce qui permet de justifier la brutalité de la répression. Dans ce contexte, les autorités et la presse françaises font d’Ataï la tête pensante d’un soulèvement qui va en réalité bien au-delà de lui. Une fois le chef Ataï tué et décapité, il s’agit pour le pouvoir colonial de le présenter comme le chef de guerre, afin de rassurer l’opinion française en métropole, et d’indiquer que l’insurrection est sous contrôle. La mort d’Ataï apparaît ainsi comme l’événement qui doit marquer la fin des hostilités. En réalité, il n’en est rien, puisque la rébellion s’étend bien après l’exécution d’Ataï, même si elle est finalement matée par le pouvoir colonial.